Petite Silène

Pourquoi ne montrer que les belles fleurs, les domptées qui ont fière allure, alors que toutes ont quelque chose à montrer, à faire valoir ?

Aujourd'hui j'ai décidé de laisser la parole aux Circes, qu'ils soient de marais ou de ruisseau, c'est de doute façon une histoire d'humidité.

On les reconnais facilement, même s'il peut arriver de les confondre avec des chardons. Les tiges en sont plus longues, jusqu'à plus d'un mètre et seules les feuilles peuvent être parfois piquantes.

Fleurs très courantes, leur jolie couleur violet-mauve embellit les côtés de nombreuses prairies françaises; pourquoi bouder le plaisir de les regarder ?

La rencontre avec celle-ci fut plus rare, à l'issue d'une ascension sous bois en arrivant dans une grande prairie que les vaches Salers broutaient paisiblement.

Soit, si la campanule n'est pas une rareté en soi, cette variante est un peu plus rare, la Campanula glomerata caractérisée par une inflorescence groupée et assez sérée.

J'aime sa couleur violette délicate qui ressort particulièrement bien dans le vert des prés, comme une volée de cloches dans le silence matinal.

Evidemment, rester deux ans sans mettre un pied chez soi, sans faire le ménage, la poussière s'accumule et on perd le lien et la raison de cet espace. Mais voila, je reviens d'une petite expidition en petites montagnes et l'envie de vous montrer mes fleurs m'a reprise. Alors en voici quelques unes.

Pour commencer voici une Jasione Levis, trouvée au pied de la brêche d'Enfloquet en Auvergne, près du Puy Mary. Pendant tout mon séjour on me l'avait donnée comme une raiponce globulaire, il me faudra attendre, et vous aussi, pour en voir une vraie.

Mais peu importe, elle est très belle avec ses petites protubérences pareilles à des gouttes d'eau au bout des pétales.

Curiosité de la nature les prunus mettent leurs fleurs avant même de laisser une chance à leurs feuilles. Les arbres se couvrent alors d'une multitude  de taches roses ou blanches. Quelques jours plus tard le sol est jonché d'un tapis de pétales de la même couleurs vous donnant l'impression d'être devenue une personne importante, qu'une foule s'est pressée là pour dresser un tapis en votre honneur.
Mais aucune rareté ici, les cerisiers et les abricotiers sont de la famille.

Et voila qu'en allant prendre le métro j'avise sur le bas côté un champ de fleurs. Les jardiniers de la ville ont bien travaillé, les feuilles n'étaient pas visibles, les oignons doivent être là depuis déjà quelques temps. Et maintenant qu'arrive un joli rayon de soleil elles s'ouvrent à nos regards, impudiques comme d'habitude, pour notre plus grand plaisir. Je crois qu'enfin l'hiver est fini.

Je joue souvent à la châtelaine qui visite ses domaines. Un rayon de soleil, même parfois occulté par un petit nuage de rien du tout et me voila sur les trottoirs parisiens, le nez en l'air, le nez au sol, pour voir ce qui a bien pu changer dans ma ville depuis ma dernière visite.
Je passais par une ruelle paisible quand j'ai l'œil attiré par ces petites fleurs jaunes qui me font penser à celles-ci que j'ai laissées bien loin derrière moi. Je ne pense pas qu'il y ait un grand rapport entres elles, simple buisson dans un cas, arbuste dans l'autre et aucun parfum cette fois ci, il n'empêche qu'en esprit je suis repartie dans mon désert chéri, soulevant un peu de sable derrière mes pieds que le vent dispersait.

Un rayon de soleil, quelques degrés de plus, un petit air de printemps et je sors de ma grotte dans laquelle je m'étais recroquevillée pour mieux passer l'hiver. Et puis, au détour d'une promenade dans le cimetière du Père Lachaise à Paris, je vois ces quelques crocus annonciateurs d'une nouvelle saison, la mort annonçant la vie.
Alors je vais pouvoir à nouveau traquer les petites fleurs et essayer de vous en faire profiter. Bienvenus à nouveau dans l'herbier virtuel.

Les plantes d'appartements peuvent être variées. Mais voilà, je ne suis pas toujours présente il me faut du solide, du résistant, du pas trop exigeant sur la qualité de l'entretien. Alors, quand j'ai visité des serres il y a quelques années et qu'on m'a offert un petit bout de tradescantia spathacea, j'ai tout de suite dit oui. Depuis elle s'est bien développée. Retournée aux serres, je me suis vue offert un autre bout de tradescantia zebrina, cette fois. Depuis, je suis obligée de régulièrement couper ce qui touche terre et replanter pour éviter de marcher dessus.

Mais celle là, qu'est ce que ça peut être ?

Jamais cette période n'aura aussi mal porté son nom. De trêve point. Des conflits qu'on croyait oubliés à jamais redémarrent ici, d'autres couvaient sous la cendre bien mince de notre indifférence. J'ai ce soir une petite pensée pour ces 1,5 millions de civils coincés dans un couloir de terre, enfermés chez eux et qui voient tomber les bombes sur leurs têtes au grand mépris de la convention de Genève. Pour eux ce rameau d'olivier, même s'il est dérisoire.

Je voudrais saluer, en ce début d'hiver, le courage de toutes ces petites plantes qui profitent du moindre minuscule coin de terre, du moindre interstice pour se lover et lancer leurs tiges vers la lumière salvatrice. Une façon de nous rappeler que quand nous ne serons plus, quand les humains auront enfin réussi à rendre la planète invivable pour eux, ils seront prêts à prendre le relais, à recouvrir de leur feuilles et fleurs tout ce qui sera sorti de nos mains.